mercredi 20 décembre 2017

Chapitre 1 - Extrait 7 - Les gens c'est pire que des personnes



Chapitre 1 - Extrait 7 : Mathilde

Lire le sixième extrait, ici. (ou reprendre du début, c'est par là => )

En claquant la portière du côté de Tom, il me semble entendre un cri. J’ouvre la porte du côté conducteur, les sourcils froncés. Un « Non » résonne. Je ne peux pas rester là sans rien faire. Penchée vers les enfants, je donne quelques recommandations. « Restez là les enfants, s’il y a un problème, courrez vers l’appartement. Enfermez-vous, maman arrive. ».
Je prends mes talons à la main pour courir plus vite. L’herbe est fraîche, humide ; les cailloux du petit chemin, beaucoup trop pointus. Mon cœur s’emballe, ce n’est pas le moment de se plaindre. Mon instinct me dit de foncer, mais mon esprit cartésien calme le jeu : je ne sais même pas me battre. Qu’est-ce que je pourrais bien faire face à un homme d’un mètre quatre-vingt-dix. Même devant n’importe quelle personne en fait.

Lorsque, exténuée et titubante, j’arrive sous le pont, une jeune fille en débardeur et jogging me tombe dans les bras, en pleurs et effrayée. Sa joue est dans un sale état, griffée et boursouflée. Je tente de la calmer, d’une main dans les cheveux. En arrière-plan, un homme grand et musclé se tient debout, une pagaie à la main. Une vague de stress m’envahit. Faut-il se mettre à courir dans le sens inverse le plus vite possible ? Je prépare mes talons comme arme. J’aperçois ensuite une pagaie, et enfin, juste devant lui, un corps inanimé. Je ne sais plus quoi faire. Ni mon instinct, ni ma logique ne m’aident. Quand il s’approche, je protège d’un bras la jeune femme. Je crie : « Ne vous approchez pas ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? » La joggeuse est toujours aussi angoissée. Son regard ne peut croiser le paysage du pont. Elle me supplie : « S’il vous plaît » et s’agrippe à mon épaule, sans plus d’explication. L’homme semble encore plus hébété. Je les dévisage tour à tour, plus perdue que jamais.

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